Infusion ou décoction : bien préparer ses plantes sèches

Quand on découvre l’univers des tisanes, une question revient souvent : quelle est la différence entre infusion et décoction ?

Ce geste simple, répété depuis des siècles, cache en réalité une subtilité importante : la méthode change selon la partie de la plante utilisée. Feuilles, fleurs, racines ou écorces ne s’expriment pas de la même façon au contact de l’eau chaude.

Prenons le temps ensemble de revisiter ces pratiques douces et précises, à la croisée de la tradition et de l’attention au vivant.

Infusion ou décoction : une question de parties de plantes

L’infusion concerne les parties délicates, comme les fleurs, les feuilles ou les sommités fleuries. Elle agit comme une caresse chaude et brève qui libère leurs arômes subtils. La décoction, quant à elle, s’adresse aux parties plus denses et résistantes de la plante : racines, écorces ou graines. Ces dernières nécessitent une ébullition prolongée pour révéler leur richesse.

💡 Pour retenir simplement : l’infusion ressemble à un bain chaud offert à des pétales fragiles, tandis que la décoction évoque la patience d’une soupe de racines qui mijote.

Comment réaliser une infusion

Pour préparer une infusion, commencez par déposer vos fleurs ou feuilles séchées dans une casserole remplie d’eau froide. Comptez environ trois à quatre grammes de plantes — soit le creux de la main — pour un bol d’eau. Couvrez ensuite la casserole et portez doucement le tout à frémissement sur feu doux. Dès les premiers signes de frémissement, coupez le feu et laissez reposer la préparation, toujours couverte, pendant cinq à dix minutes. Plus l’infusion est longue, plus les molécules lourdes sont extraites : ce sont les tanins, bien connus des buveurs et buveuses de thé qui voient leur tasse s’assombrir au fil du temps. Ces tanins, astringents, peuvent être intéressants lorsqu’il s’agit de « resserrer les chairs », comme par exemple en gargarisme lors de maux de gorge. Il ne vous reste plus qu’à filtrer et savourer la tisane encore tiède, en laissant vos sens s’imprégner de ses arômes subtils.

Il existe toutefois des exceptions où l’on privilégie une infusion à froid. C’est le cas des plantes riches en vitamines fragiles, qui seraient détruites au-delà de 60 °C, ou encore des plantes à mucilages, comme la racine de guimauve ou les graines de lin. Dans ce dernier cas, une infusion à froid permet d’obtenir un liquide adoucissant et légèrement épaissi, traditionnellement employé pour accompagner les problématiques de transit.

Comment réaliser une décoction

La décoction suit une trame similaire, mais s’adresse à des parties de plantes plus coriaces, comme les racines ou les écorces. Déposez-les elles aussi dans de l’eau froide et couvrez. Chauffez ensuite doucement jusqu’à ébullition. Cette fois, laissez bouillir la préparation pendant cinq à dix minutes, selon la dureté de la partie utilisée. Retirez du feu et laissez reposer encore quelques minutes, toujours couvert, avant de filtrer. Le breuvage qui en résulte est plus intense, plus profond, porteur de la force contenue dans les tissus résistants de la plante.

Astuces pratiques de l’herboriste

Que vous réalisiez une infusion ou une décoction, gardez toujours en tête quelques principes simples. Couvrez systématiquement vos préparations afin de conserver les principes volatils. Choisissez une eau de qualité, filtrée ou de source, car elle constitue le premier ingrédient de votre tisane. Préférez également des ustensiles neutres, en inox ou en verre, qui respectent le goût des plantes. Enfin, laissez vos sens guider votre pratique : une infusion réussie garde la couleur et le parfum de la plante, tandis qu’une décoction offre une chaleur profonde et soutenue.

Précautions & bon sens

Il est inutile de surdoser vos préparations : plus de plantes n’apporte pas nécessairement plus de bienfaits, et cela peut même fatiguer l’organisme. Évitez de faire bouillir les parties fragiles, comme les fleurs ou les feuilles, qui perdraient ainsi leur subtilité. Enfin, rappelons que ces conseils sont issus de la tradition herboriste et ne remplacent en aucun cas un avis médical.

Conclusion

Infusion et décoction sont deux gestes anciens qui nous relient à la plante de manière différente. L’une est rapide, aérienne, respectueuse des pétales fragiles. L’autre est plus profonde, patiente, révélant la force des racines. Et vous, la prochaine fois que vous préparez une tisane, prendrez-vous le temps de demander à votre plante : veux-tu un bain chaud ou une danse bouillante ? 🌱

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